VISITE DE 5 LOGEMENTS EN AUTOPROMOTION À PANTIN

Le mardi 14 mai 2024
11h00 à 13h00

© Javier Augustin Rojas

Construction d’un petit immeuble collectif de cinq logements, d’une serre partagée et réhabilitation d’une maison ouvrière.

La Maison Commune est à la fois un manifeste construit et un processus ouvert avec ses habitants. C’est un petit bâtiment de logement collectif qui introduit et met en valeur une séquence d’espaces partagés et le tumulte de la vie courante à tous les niveaux, sans compromis. C’est à la fois une preuve concrète et un outil d’apprentissage sur les manières de vivre ensemble.

1.Vers l’auto-commande.

Concevoir nos propres commandes a toujours été une composante fondamentale de notre pratique, d’abord au Chili, puis en France. A cet égard, la Maison Commune est un modèle spécifique duquel nous pouvons tirer de nombreuses leçons. Recherche du foncier, des investisseurs, montage financier, conception architecturale, suivi de chantier, accompagnement des habitants : c’est le produit d’une vision transversale du projet d’architecture. Assumer toutes ces responsabilités permet de garder une grande autonomie et une certaine ouverture d’esprit au moment de prendre des décisions spatiales et matérielles.

2. Qualités du site et du contexte.

La parcelle de 15x17m, située à proximité du Cimetière Parisien de Pantin -un jardin métropolitain ignoré de 107 ha- comprenait initialement une maison ouvrière en L sur deux niveaux. Le charme unique des 5 Chemins, petit quartier résidentiel peu dense entouré de bâtiments industriels dont la plupart sont toujours en activité, réside dans sa relation distante au tissu urbain au coeur duquel il se trouve.

3. Processus de conception ouvert.

Le projet initial consistait en une surélévation de la maison existante sur la rue. Cette option a dû être écartée au cours des études, une fois constatée la fragilité du sol et de la structure existante. Nous avons alors décidé de démolir le volume donnant sur la rue (60% du bâtiment existant) pour reconstruire une structure plus robuste. La valeur de l’existant

doit toujours être précisément vérifiée au cas par cas.

4. La simplicité, toujours.

Le projet se distingue par une grande simplicité de mise en oeuvre : une ossature béton coulée en place, des planchers à poutrelles et hourdis, un remplissage en briques de réemploi pour les façades et en parpaings pour les refends. Une chorégraphie de bon sens permettant d’éviter toute complexité superflue.

5. Le réemploi à l’échelle du bâtiment.

Les briques des façades ont été sourcées en Belgique (à moins de 300 km du chantier), avant d’être acheminées et testées en région parisienne. La façade sur rue garde les briques apparentes, rendant visible leur rugosité et les traces de leur vie antérieure. En revanche, la façade sur cour est peinte en blanc, afin d’assurer l’unité et la luminosité du nouveau jardin partagé.

6. Form follows attitude.

Bien que les réglementations urbaines autorisaient un bâtiment de quatre niveaux, nous avons délibérément choisi de construire seulement trois niveaux de logements, pour prendre soin de nos voisins en évitant de bloquer la lumière naturelle d’une part, et pour construire un espace commun couvert et transparent sur le toit d’autre part. En d’autres termes, il s’agit de construire un peu moins d’espaces privatifs pour pouvoir offrir aux habitants des espaces de rencontre plus généreux.

7. Une séquence de communs.

Le projet présente un ratio exemplaire entre surface habitable (336,7 m²) et espaces communs (230,2 m²) exemplaire pour la vie des habitants. Une séquence d’espaces partagés et non chauffés intègre les accès des appartements à tous les niveaux. Une grande porte sectionnelle transparente relie le hall d’entrée à la rue : la ville pénètre dans le bâtiment jusqu’au jardin partagé. Le hall a un caractère infrastructurel : il intègre un espace dédié aux vélos et aux poussettes, connecté à la cour intérieure et à la maison existante. L’espace commun vertical possède sa propre identité : l’escalier en béton coulé en place est éclairé par la façade en polycarbonate ondulé, qui exprime une faille dans la façade. Les portes palières en verre armé apportent lumière, profondeur, et prolongent la vie domestique jusque sur les paliers. Ce système de communs est couronné par une serre de 68 m² -intégrant une cuisine partagée et une buanderie- et une terrasse plantée de 40 m², offrant des vues imprenables sur le contexte urbain et le cimetière.

8. La collaboration vue comme un projet.

La réussite du projet s’est fondé sur l’intelligence collective d’un groupe de personnes différentes. La Maison Commune a profité du savoir-faire et de l’expérience des collègues, ingénieurs et constructeurs, apportant précision, rigueur et des solutions ambitieuses tout au long du processus. Ainsi, l’ensemble de la serrurerie, conçue et réalisée par Studioemile, a été développée comme un projet dans le projet.

9. L’architecture comme propagande.

La séquence d’espaces communs qui culmine avec la serre en structure bois posée sur le toit synthétise la principale volonté du projet : mettre en avant ce qui est partagé, en produisant un maximum de communication et de dignité par des moyens mineurs et humbles (comme dirait Lina Bo Bardi) pour la vie courante dans un tissu urbain épuisé.

Intervenants pressentis :
> Marie Larrieu, Chargée de communication des rendez-vous du CAUE 93.
> Kim Courrèges, Architecte associée / Plan Común.
> Nissim Haguenauer, Architecte associé / Plan Común.